Voilà l'histoire ...

Au commencement, vers 14 ans, je suis fascinée par Van Gogh. Ma première approche de la toile s’alimente par différentes reproductions de ses toiles, achetées pour quelques-unes par des amis, mais surtout commandées par mon chauffeur de car scolaire de Beaugency. Ma chambre devient vite un atelier, mon lit rangé chaque matin dans un placard.

 

Je n’ai pas eu à proprement parler d’orientation artistique, juste quelques notions acquises au lycée, qui suffisent à décider d’une vie à laquelle, je ne peux plus échapper.

 

Ejectée du système scolaire en première, j’intègre l’année suivante les Beaux-Arts de Toulouse, desquels je pars au bout de deux mois pour intégrer une école privée à Bordeaux l’année suivante, où je ne reste que trois jours, pour ensuite intégrer l’école d’Arts Décoratifs de Limoges, où je ne reste que deux mois pour finalement me résoudre à prendre un travail alimentaire et peindre sur mon temps libre.

 

A l’époque je recouvre mes tableaux de résine. Je constitue des reliquaires où la toile peinte, principalement des corps, est l’image relique. Je suis à Tours, j’expose dans les restaurants et les salons de coiffure.

 

C’est mes toiles sur le dos que je pars à Paris chercher une galerie. Je parcours Saint Germain et m’égare rue Mouffetard à la rencontre de la galerie Mireille Battut d’Haussy qui m’a été recommandée. Elle me propose aussitôt une exposition, nous sommes en 2001. Suite de quoi je rencontre Christian Charissou et Annie Cantaloube de la Chapelle Sainte Anne, qui me croisent remballant mes tableaux à la fin de l’exposition. Notre collaboration commence en 2004, avec une exposition de résines à la Chapelle et durera encore de nombreuses expositions personnelles et collectives.

 

Je ne fais plus de résine après huit années de relation fusionnelle avec cette matière. Je choisis de travailler sur papier et élabore une nouvelle peinture délestée d’un trop plein de matière, pour aborder le dessin.

Ma peinture se libère de l’enfermement de la résine. Tout recommence sur plus d’ouverture dans les sujets traités. Aliocha, vaches, corridas, cathédrales se succèdent avec toutes les possibilités de traitement qu’offre le papier. Des expositions en galeries se suivent, à Poitiers, Blois, Rotterdam, Paris dans la galerie Meyer Le Bihan d’abord puis un passage éclair chez Claire Corcia. Je suis à Beaugençy. Les portes semblent s’ouvrir devant moi lorsque j’ai la nécessité de reprendre un travail alimentaire, qui sera pour moi une révélation. Je suis gardienne de cimetière.

 

La notion de plein et de vide présente au quotidien, lorsqu’on cohabite avec des fossoyeurs, me conduira à aborder la sculpture. Je fais des crânes, des Christ dans des cailloux ratissés dans les allées du cimetière. Le temps semble s’allonger aussi. J’aborde en parallèle l’écriture de poèmes.

 

Après quoi je retourne m’installer en Touraine. Je participe à une exposition à la Chapelle Sainte Anne où la demande est de construire une cabane. Ce sera un ventre rond constitué de crâne dans lequel huit portraits d’Infante Marguerite domine un tas de jouets éparpillés au sol. Ce sera la naissance du travail sur les Ménines qui durera cinq ans, pendant lesquels l’Infante traversera quelques extraits de l’histoire de la peinture à travers Pietà et Ophélie.

 

Aujourd’hui, je suis dans le sud de la Touraine, l’Infante s’étant éloignée, je reviens au corps plus sensuel et plus dur à la fois. J’expose régulièrement et suis représentée par la galerie Marie Vitoux à Paris.

 

Nathalie Bourdreux

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© Olivier Garand / Crédits photographiques: Sophie MOURRAT